Le présent document de politique définit les orientations propres à stimuler la croissance du secteur rizicole et cela dans une optique qui répond aux objectifs de lutte contre la pauvreté et permettant des relations villes–campagnes plus denses. Cette stratégie de développement de la filière rizicole est censée donner les éléments essentiels d’information et de décision au secteur privé, public et aux partenaires financiers et techniques de la province du Sud-Kivu. L’un des grands intérêts de la riziculture Sud–Kivutienne est qu’elle génère des revenus très importants et que ces revenus reviennent pour une grande part au monde rural. Dans une économie essentiellement agricole, elle constitue donc une source potentielle importante de devises et un élément de poids dans la politique économique de lutte contre la pauvreté, qui est d’abord un phénomène rural. Face à l’augmentation de la demande, vaut-il mieux continuer à importer ou produire du riz dans les différents systèmes rizicoles ces prochaines années ? Cette alternative améliore naturellement la situation des importateurs urbains mais pas celle des ménages producteurs ruraux. Limiter le développement de la filière domestique, c’est donc dans le contexte actuel opter pour des importations massives, avec certes des recettes pour l’Etat, mais par contre une stagnation des revenus ruraux et un coût en devises important. De plus, ce choix comporte des risques, car il accroît la vulnérabilité de la République Démocratique du Congo face aux aléas du marché mondial. La tentation est grande de considérer qu'acheter sur le marché mondial peut paraître profitable puisque le prix mondial est plus bas que ne l'est le prix national. Mais, acheter ses denrées à bas prix sur le marché mondial, c'est se priver de l'existence d'un marché intérieur fondé sur le revenu agricole, la demande agricole représentant l'immense majorité de la population. S’il est clair qu’il vaut mieux produire qu’importer du riz, par contre il serait intéressant de relever les politiques rizicoles à mettre en place et de déterminer la répartition des cultures sur le marais d’altitude. L’un des grands avantages que représente le développement de la filière riz de marais d’altitude est que les contraintes liées à la localisation rizicole sont minimisées par la présence des centres et universités de recherche agronomique qui appuient la filière en amont ainsi que sa proximité au marché de consommation. De fait, le marais d’altitude est un des rares lieux où on peut mener de front des politiques différenciées de lutte contre la pauvreté et de croissance économique, par une répartition mieux raisonnée des terres entre cultures. Cette réflexion fonde légitimement la volonté d’élaborer une politique rizicole qui s’inspire des réalités du Sud-Kivu dans un contexte d’effacement de l’Etat: Toute la question est de savoir dans quel sens s’orienter et quels sont les critères dont il faut tenir compte ? L’objectif de ce papier à la suite des précédents est de chercher les voies d’une donne agricole et agroalimentaire qui favorise le développement de la technique du riz de marais d’altitude au Sud-Kivu avec des effets induits significatifs sur l’ensemble des activités des exploitations et sur d’autres secteurs économiques locaux. Il s’agit de mettre sur pied des techniques rizicoles qui permettent un accroissement du bien être des populations dans une perspective de développement durable, efficace et équitable. La croissance de la production est sous tendue par, d’une part, une augmentation des surfaces cultivées (principalement par une politique accrue de la double culture, une meilleure maîtrise de l'eau), et d'autre part, par une amélioration de la productivité (doublement des rendements). Dans une telle perspective, un développement rural intégré greffé sur la filière riz devra prendre en compte la maîtrise de l’irrigation et du sol, la diffusion des techniques, l’accès à la terre, à la vulgarisation et au capital, l’organisation du système de commercialisation et le développement de la recherche sur le riz. Comme l’initiative privée ne permet pas de mettre en œuvre une filière soutenue, la maîtrise de l’irrigation devra donc s’insérer dans une politique générale de l’eau. La maîtrise de la technologie et de la recherche seront quant à elle assurées par l’office du RIMA devant être créé pour cette fin. Enfin, le financement de cet office sera financé par bénéfice social de la collectivité, les bénéfices privés et à travers des financements obtenus de bailleurs de fonds extérieurs par le truchement des ONGD.